par Claude Dupuy

La présence des camps de prisonniers coloniaux dans les Landes en 1940 s’inscrit dans une collaboration économique de grande ampleur qui a été voulue par le gouvernement de Vichy. Sous traitants des entreprises allemandes , les entreprises françaises bénéficiaient de cette main-d’œuvre gratuite notamment dans le bâtiment pour selon Vichy « compenser » le départ des travailleurs prisonniers en Allemagne. Ce deal de grande ampleur explique en grande partie « l’oubli » de l’après-guerre. Ces soldats n’intéressaient plus personne et rappeler leur présence conduisait inévitablement à soulever la question douloureuse de la collaboration à une époque où la chasse aux collabos était souvent un moyen de régler des comptes locaux. Une chape de silence s’abattit sur ces camps qui disparurent dans la nature si bien qu’ils furent oubliés. Peu de gens s’intéressèrent à eux si l’on excepte le courageux travail de mémoire du camp de Buglose ou l’ouvrage récent de François Campa. Prisonniers, trahis et oubliés…

Le récent travail Aïssa Seck, Maire adjointe de Bondy, et le documentaire de François Masson sur l’implication de ces soldats dans la libération de la France sont aussi des petits pas vers cette reconnaissance. Le travail d’Aïssa, avec qui je suis en contact, a abouti à la naturalisation récente de 21 Tirailleurs et à la reconnaissance des erreurs faites par la France en matière de reconnaissance de ses Tirailleurs Sénégalais. On est toutefois loin du compte, car toute l’histoire n’est pas écrite notamment dans notre région.

Aidez-moi à la faire reconnaître en contactant vos mairies, témoignez, envoyez des photos de ces lieux oubliés. Les paysages landais que vous photographiez si bien méritent aussi des photographies de ces lieux de mémoire.

J’aimerais qu’un jour que sur les monuments aux morts on puisse lire « A la mémoire de …, soldats des troupes coloniales morts pour la France à …….dans le Frontstalag numéro et de tous ceux qui les ont aidés et qui ont combattu pour la liberté » .

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Ce combat nous ne pouvons pas le mener seuls sans les élus et le Conseil Départemental des Landes, mais aussi de Gironde.

Réveillez les mémoires des camps suivants :

Le Camp de Bayonne Anglet (Polo-Beyris) qui a compté plus de 1000 prisonniers et le Lazaret de Bayonne (Hôpital militaire) qui vit tant de souffrances et de morts (ancienne école de musique près de la cathédrale).

Le camp d’Onesse et Laharie qui va compter jusqu’à plus de 3000 prisonniers

Le camp de Sore qui se trouvait sur la route de Trensacq au lieu dit « Pendribot » qui a plus de 700 prisonniers.

Le camp d’Arengosse qui se trouve à « Sournet » à la sortie du village direction Mont-de-Marsan qui comprend plus de 300 soldats. Une stèle (rare initiative communale) honore les morts de ce camp.

Le camp de Belhade se situait dans une ancienne colonie de vacances dans le quartier des « Hourniels » regroupait 238 prisonniers en 1944.

Le camp de Biganon (Moustey) se trouvait au centre du village qui a compté plus de 650 prisonniers dont il ne reste aucune trace.

Le camp de Buglose (Saint Vincent de Paul) est le seul camp qui a retrouvé une mémoire grâce au travail magnifique d’une association locale. Il se trouve route de Laluque (Buglose avait eu un camp de réfugiés espagnols au lieu dit Basta les Forges). Plus de 500 prisonniers.

Le camp de Castets se situait au lieu dit « Cante Cigale » en face les usines Dassé. Il regroupera près de 500 prisonniers. Ce camp a de nombreux morts pour tentative d’évasion (voir un post prochain).

Le camp d’Escource , il regroupera jusqu’à 500 prisonniers. Où était-il localisé ?

Le camp de Garein se situait au lieu dit « Sautegrue » , c’est le stade de Football (un petit effort pour une plaque Mr le Maire ?). Il regroupait jusqu’à 450 prisonniers. La commune les a honorés par une stèle dans le cimetière du village en 1997 (Merci).

Le camp de Geloux se trouvait au lieu dit Lagardère . C’est un camp peu renseigné, en mauvais état qui brûlera en partie. Les ouvriers travaillaient en usine à Motobloc à Mont-de-Marsan.

Le camp d’Hendaye est un petit camp dont les ouvriers travaillent à la gare. Il est bien tenu et comprend au maximum 100 prisonniers.

Le camp de Labenne est un ancien camp de réfugiés espagnols. Il est sur l’emplacement du terrain de sport actuel (une petite plaque pour les Espagnols et nos prisonniers de guerre Mr le Maire ?) Il va regrouper jusqu’à 500 prisonniers. Ils travaillent en Forêt et construisent un quai de la gare actuelle et ils seront réquisitionnés pour l’organisation Todt. Une plaque commémorative rappelle les morts sur le Monument aux Morts.

Le camp de Labouheyre se trouvait à l’Est du Bourg , rue des écureuils. Il comprend plus de 500 prisonniers. Un camp secondaire se trouvait à Liposthey dont on n’a pas retrouvé la trace. Serait ce mon petit camp ?

La camp de Lüe se trouvait près du château d’eau actuel au quartier « Baxinte » , il va compter plus de 400 prisonniers qui travaillent dans la forêt. Pour ce camp la municipalité a demandé l’autorisation d’inscrire les noms sur le monument aux morts. Ceci a été refusé, car seuls les enfants nés dans la commune peuvent être inscrits sur le monument aux morts. Le travail reste à faire…Mr le Maire une plaque n’est pas une inscription donc vous pouvez le faire sans demander une autorisation. Cette loi idiote a conduit de nombreuses municipalités à des oublis volontaires ou à mettre des stèles dans les cimetières ce qui fait que ces soldats ne sont jamais honorés.

Les camps de Luxey sont des camps oubliés. Alors mes amis de cette commune au boulot…Il y avait deux camps, le plus important se trouvait au quartier « Harriet » vers Lencouacq. On a recensé jusqu’à 190 prisonniers qui travaillent au déboisement. L’autre petit camp était un tout petit camp de prisonniers de droit commun qui recevra quelques prisonniers coloniaux en 1943.

Le camp de Magescq

Il se trouvait à la caserne actuelle des sapeurs-pompiers (Mr le Maire une petite plaque ?). Il comprendra jusqu’à 530 prisonniers.

Le camp de Messanges: Il se trouvait sur l’emplacement de l’ancienne colonie de la Grande Mutualité Scolaire Landaise entre le village et la mer et dans une maison réquisitionnée sur la Dune. Il comprendra jusqu’à 190 prisonniers qui construiront les blockhaus (pas de rappel de ceci dans l’histoire locale).

Le camp de Mimizan: Il se trouvait entre la rue des trois pignes et l’avenue de la Plage. Il comprendra plus de 600 prisonniers qui travailleront pour le mur de l’Atlantique (une petite plaque Mr le Maire ?) , la réfection des routes pour les Allemands et des travaux forestiers.

Les camps de Mont-de-Marsan: Deux camps de prisonniers sont recensés dont un,ironie de l’histoire ,sur l’aire actuelle des gens du voyage (route de Sabres). Ce secteur est en pleine forêt. Il comprend jusqu’à plus de 300 prisonniers. Un camp plus petit se trouvait cité Benoît. Les prisonniers travaillaient en partie pour l’aviation.

Le camp de Morcenx au passage à niveau disparu de Michéou comprend jusqu’à 500 prisonniers. La commune a honoré les morts de ce camp en faisant poser une plaque d’hommage aux soldats d’outremer sur le monument aux morts.

Le camp de Parentis se trouvait le long de la rue du Moulies à droite en quittant la ville. Il comprend 350 prisonniers. Les noms de deux d’entre eux se trouvent sur le monument aux Morts.

Le camp de Daugnague à Pissos. Il était installé route de Rabéou sur l’airial de Mr Duvignac qui a beaucoup aidé à mieux connaître ce camp. Des photos ayant été prises, qui les retrouve ? Il regroupait jusqu’à 400 prisonniers. Ils travaillaient sur les chantiers forestiers. La commune a honoré ces prisonniers par une plaque sur le monument aux morts.

Le camp de Pontenx les Forges se trouvait chemin de Pécam près du cimetière et fut surnommé camp « Sénégal ». Il comprend 300 prisonniers et un nombre important de morts (nous y reviendrons).

Le camp de Rion: Il est situé route de Tartas au lieu dit Pelletet. Il comprenait entre 400 et 500 prisonniers employés dans la forêt. C’est un des rares camps où une filière d’évasion fut dénoncée et les français furent internés en Bavière. Le camp était mal entretenu. C’était aussi un camp qui recevra 600 soldats britanniques faits prisonniers à Tobrouk. C’est un camp de sinistre mémoire.

Le camp de Sainte Eulalie: Il était implanté sur le stade actuel (un petit effort pour une plaque Mr le Maire ?). Il regroupait entre 400 et 500 prisonniers. Certains prisonniers ont été fusillés pour tentative d’évasion. La Mairie honore ces morts.

Le camp de Saint Martin d’Oney: Il se situe à Margoy à l’intersection des routes d’Uchacq et de Geloux. Il comprend environ 300 prisonniers qui travaillaient en forêt.

Le camp de Solférino: Il se situe à la sortie du village vers Mimizan pas loin de la voie ferrée. 5 morts sont inscrits au monument aux morts. Ce camp est oublié et peu documenté. 400 prisonniers y furent internés.

Le camp de Saint Perdon: Il était près de la salle des fêtes qui servait de cantonnement pour les soldats allemands puis déménagé. C’était un petit camp de 60 prisonniers. Ses morts sont honorés par une plaque.

Les camps de Trensacq: 2 camps : un dans le quartier du Désert, un aux Houssats. C’était de petits camps avec une centaine de prisonniers. Le camp des Houssats semble être un camp de Martiniquais et Guadeloupéens.

Le camp d’Ychoux ( qui n’est finalement pas le petit camp qui a généré ma recherche…) se trouvait près de la gare au quartier dit Parriot (un petit effort pour une plaque à la gare Mr le Maire ?). Il regroupait entre 450 et 500 prisonniers. Pas de trace « honorable » de ce camp malgré des morts. Le petit camp que j’ai retrouvé était soit le camp de travail dit de Liposthey (Labouheyre) soit un camp des soldats de l’Axe prisonniers en 1944 (soit les deux). L’histoire reste à écrire.

Le camp de Bourriot-Bergonce (200 prisonniers), est situé au petit Baqué . Il n’a existé qu’en 1943-1944.

le camp d’Arue , dans le quartier de Nauton à la limite de Roquefort, ce camp est de petite taille et est peu renseigné.

Le camp de Callen, ce camp était situé au quartier de Lagassey . Il regroupait 100 prisonniers.

Les Landes étaient bien un espace carcéral de grande taille qui a été oublié. Certaines communes ont bien honoré leurs morts, mais jamais n’est fait référence à l’existence des camps. On trouve le plus souvent des plaques « Aux soldats d’outremer morts pour la France » qui n’indiquent rien sur ce pan de l’histoire. Parfois lorsque les tombes existent seuls les noms subsistent comme à Belhade, Castets, Garein, Onesse et Laharie ou Pontenx, Sainte Eulalie, Saint Perdon ou Solferino. La mention fusillés n’apparaît qu’à Pontenx.

Dans de nombreux endroits, il n’y a même pas de noms alors que l’on sait qu’il y a eu des morts. Les tombes ont disparu.

Plus grave, de très nombreux morts n’apparaissent nulle part alors que les registres de l’armée donnent leur lieu de décès. Les raisons sont multiples : non-inhumation locale, corps inhumés dans les camps ou sur place lorsqu’ils ont été assassinés pour évasion, non-entretien des tombes, non-inscription aux registres locaux d’État civil.

Ce travail de recensement est à faire et il n’est pas difficile, mais long. Je suis preneur d’une aide sur ce sujet.

Aidez moi à faire inscrire cette histoire dans votre histoire locale.

Ces riches renseignements viennent de l’ouvrage de François Campa qui est une « bible » pour qui veut lever ce pan d’histoire. Achetez le!

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