“Si Nantes, faute de pouvoir continuer à taire son passé, a fini par l’admettre, Bordeaux, en revanche, persiste dans une attitude de faux-semblants”. Eric Saugéra, historien (2002)

La statue de l’esclave Modeste Testas a été inaugurée le 10 mai 2019, quai Louis XVIII, à Bordeaux
La statue de l’esclave Modeste Testas a été inaugurée le 10 mai 2019, quai Louis XVIII, à Bordeaux• Crédits : Stéphane Bonnefoi

Bordeaux. Son vignoble, ses quais et ses façades XVIIIe flirtant avec la Garonne, son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco… Une opulence que la ville a tiré, pour une grande partie, du commerce en droiture mais aussi de la traite négrière entre les XVIIe et XIXe siècles.

Épisode un : Un port négrier

Aussi, comment expliquer que le deuxième port négrier français, ayant organisé près de 500 expéditions entre 1672 et 1837 et déporté 150 000 esclaves, ait eu tant de mal à faire face à son passé ? Ce n’est qu’en 2005, avec la pose d’un buste de Toussaint Louverture (payé par Haïti et relégué dans un jardin de la rive droite) que Bordeaux fait un premier geste. Soit près de quinze années après l’exposition Les Anneaux de la mémoire à Nantes, qui reçut plus de 400 000 visiteurs… L’inauguration en 2019 de la statue de l’esclave Modeste Testas (1765-1870), sur la rive gauche de la ville, devait être le premier jalon d’envergure posé par la municipalité de Bordeaux, après la création de salles dédiées à l’esclavage au musée d’Aquitaine. Mais la statue est loin de faire l’unanimité… https://3e2260c5a8f25efab0b8f7a4ab2dc946.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-38/html/container.html

Je rencontre d’abord Bordeaux, très tôt finalement, c’est-à-dire au lycée, car le “Cahier d’un retour au pays natal” d’Aimé Césaire est au programme au lycée, au Sénégal à l’époque, et il y avait des extraits de cet ouvrage qui parlait de Bordeaux. Et quand vous êtes Sénégalais aussi, vous avez forcément un lien avec Bordeaux puisque, parmi les colonisateurs français, les Bordelais ont été les plus actifs et les plus présents. Les quatre premières communes sénégalaises étaient françaises depuis le XIXe siècle, fondées par le clan des Bordelais, avec des comptoirs coloniaux extrêmement importants qui se sont installés. Donc, les noms bordelais, l’activité commerciale bordelaise habitaient un peu mon imaginaire de jeune adolescent et ensuite de jeune adulte… Karfa Diallo, président de l’association “Mémoires et Partages”

Intervenants

Merci au musée d’Aquitaine de Bordeaux. Écouter 1 min Archive Ina : Évocation par René Jentet de “La mulâtresse Solitude”, roman d’André Schwarz-Bart, extrait de “Toi” (Seuil, 1972)

Un documentaire de Stéphane Bonnefoi, réalisé par Assia Khalid. Prise de son, Gilles Gallinaro. Mixage, Régis Nicolas. Archives Ina, Mylène Touchais. Avec la collaboration d’Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. Page web, Sylvia Favre.

Archives radio et télé : 

  • Eric Saugéra, historien, à propos du port négrier de Bordeaux (RFI, 1996)
  • Inauguration de la statue de Modeste Testas (France 3, 10 mai 2019)

On se trouve ici au musée d’Aquitaine (à Bordeaux), qui est l’un des lieux essentiels pour comprendre le rôle de Bordeaux dans la traite négrière et l’esclavage puisque le musée a fait le choix, en 2009, de consacrer plusieurs salles à la traite négrière et à l’esclavage. Et donc, on a ici une gravure extrêmement célèbre qui est la vue du Brookes, navire négrier anglais. Pour bien comprendre le document, il faut savoir qu’il a été conçu par des abolitionnistes. Donc le but de cette gravure, c’était de dénoncer l’esclavage et c’est particulièrement réussi parce que c’est une vision de l’entassement des esclaves à bord des navires. Caroline Le Mao, historienne

Décembre 1788 : Plan du "Brookes", navire négrier anglais, réalisé par l'abolitionniste britannique anglican Thomas Clarkson (1760-1846)
Décembre 1788 : Plan du “Brookes”, navire négrier anglais, réalisé par l’abolitionniste britannique anglican Thomas Clarkson (1760-1846)• Crédits : Domaine public – Wikimedia Commons – Plymouth Chapter of the Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade. Bibliothèque du Congrès.

Bibliographie

Musique

Extraits de : Le temps restitué, dans La loi et le temps pour mezzo-soprano, chœur et orchestre de Jean Barraqué par Paul Melfano (Harmonia Mundi) – Der Bilderfresser, dans Bilder Requiem de Paul Celan par Emilio Pomarico et l’Orchestre symphonique du WDR de Cologne (Winter & Winter) – Sonate en symphonie en La Maj op 3 n°6 de Jean Joseph Cassanea de Mondonville par Marc Minkowski et Les Musiciens du Louvre (MBF) – Départ pour chœur mixte chœur parlé et 22 instrumentistes de Wolfgang Rihm par Claudio Abbado et l’Orchestre philharmonique de Vienne (DGG, Deutsche Grammophon) – Sonate en si min op 1 n°12 de Jean-Marie Leclair par Adrian Butterfield, Alison Mac Gillivray et Laurence Cummings (Naxos) – Sonate en La Maj OP 12 n°4 de Jean-Marie Leclair par Florian Deuter et Monica Waisman (Accent) – Persephassa de Iannis Xenakis par Les Percussions de Strasbourg (Universal) – Nocturnal pour soprano, chœur d’hommes et orchestre d’Edgar Varèse et Chou Wen Chung par Riccardo ChaillyI, Sarah Leonard, l’Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam et le Chœur philharmonique de Prague (Decca) – Tombeau de Monsieur Lully de Jean-Fery Rebel par Juliette Guignard et l’Ensemble Les Surprises (Ambronay).

Pour aller plus loin

https://youtube.com/watch?v=fvNkAceKUFs%3Ffeature%3Doembed

Demain, retrouvez l’épisode deux : Une affranchie pour mémoire

L’équipe Coordination Christine Bernard Avec la collaboration de Sylvia Favre Production déléguée Stéphane Bonnefoi RéalisationAssia Khalid

Images liées:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.