Un dispositif d’écoute et d’aide psychologique vient d’être mis en place pour accompagner les ex-mineur réunionnais encore traumatisés par leur exil forcé dans des départements ruraux comme la Creuse entre 1963 et 1982.
Publié le 25/10/2021 à 12h38 • Mis à jour le 25/10/2021 à 12h55
Le passé ne passe pas. Le traumatisme est toujours là.
Des années, des décennies après leur exil forcé depuis leur île natale vers des départements métropolitains ruraux comme la Creuse (voir notre dossier), des centaines d’enfants réunionnais devenus des adultes subissent encore les conséquences psychologiques de ce voyage sans retour.
Leur histoire est maintenant connue du grand public, la maltraitance qu’ils ont subie est reconnue par l’Etat. Mais la souffrance, personnelle, individuelle, intime, ronge encore la vie de la majorité d’entre eux.
Si certains parlent, racontent, revendiquent, d’autres se taisent, gardent cette histoire enfouie au fond d’eux même, ou même refusent de la voir ou de l’admettre.
Mais dans tous les cas, pour chacune et chacun de ceux qui ont tenté tant bien que mal de construire leur vie, la séparation, l’exil et le mensonge initial ont sapé les bases d’une existence sereine, harmonieuse et équilibrée.
Aujourd’hui, on sait que ce sont leurs enfants ou leurs petits enfants qui subissent pafois les conséquences de ces traumatismes.
Un poison qui se diffuse lentement dans les familles sur plusieurs générations
C’était l’un des constats et surtout l’une des préconisations urgente et essentielle du rapport des experts sur l’affaire des “Réunionnais de la Creuse” rendu il y a maintenant 3 ans au gouvernement. : il faut écouter, aider et accompagner psychologiquement les ex-mineurs réunionnais devenus adultes et leurs familles.
Ce dispositif vient enfin d’être mis en place. Il est piloté par des psychologues et des chercheurs du laboratoire Clinique Psychanalyse et Développement (Clipsyd) de l’Université de Paris Nanterre dirigé par la professeure Marion Feldman, spécialiste des traumatismes psychologiques de l’enfance. Elle a notamment travaillé sur les conséquences subies par les enfants qui ont vécu la Shoah.
Une écoute individuelle et un dispositif collectif
Une permanence téléphonique :
Les ex-mineurs réunionnais peuvent dores et déjà contacter l’équipe du Clipsyd au téléphone au 07.64.62.63.36, ou par e-mail : dispositif.psy@gmail.com .
Une psyhcologue sera là pour les accueillir, les écouter et les orienter. Une permanence est assurée tous les jours ouvrés de 8h00 à12h00 et de 13h00 à 18h00.
Des réunions de rencontre et d’écoute :
A Paris, Rennes et Guéret, ces réunions régulières intitulées “Arbres à paroles” seront animées par des psychologues chercheurs et cliniciens pour permettre aux ex-mineurs de s’exprimer et d’échanger sur leur expérience.
Les inscriptions peuvent se faire via le numéro de téléphone 07.64.62.63.36 ou l’email : dispositif.psy@gmail.com .
. A Paris : Université Paris Nanterre, bâtiment Zazzo, 200 avenue de la République 92000 Nanterre. Les vendredis de 16h à 18h : 19 novembre, 7 janvier, 18 février, 25 mars, 20 mai, 24 juin.
. A Rennes : CMP, 154 rue de Châtillon 35200 Rennes. Les vendredis de 14h30 à 16h30 : 26 novembre, 14 janvier, 25 février, 1er avril, 10 juin, 1er juillet.
. A Guéret : Résidence l’habitat des jeunes, 4 rue Salvador Allende 23000 Guéret. Les vendredis de 10h à 12h : 10 décembre, 21 janvier, 11 mars, 8 avril, 3 juin, 8 juillet.
Enfin, à la Réunion, un groupe de travail avec des soignants locaux va également être mis en place pour réfléchir collectivement à la construction de soins psychiques dans le contexte réunionnais. Ils devront tenir compte des représentations culturelles et de l’histoire de l’Ile. Ils permettront d’ accompagner psychologiquement les familles biologiques et les « ex-mineurs » revenus vivre à La Réunion avec des soignants réunionnais.
Au delà de l’aide psychologique concrète dispensée aux-ex mineurs réunionnais, ce travail contient aussi un volet dédié à la recherche. Il permettra de mieux comprendre les processus de construction de ces traumatismes d’enfance et de faire des préconisations de soins pour les générations suivantes et pour tout autre enfant vivant ou ayant vécu ce type de situation.
VIDEO : interview intégrale le 14-11-2019 de la professeure Marion Feldman, chercheuse en psycho-pathologie psychanalytique à l’Université de Paris-Nanterre, qui pilote le programme de recherche et de soutien sur les ex-mineurs réunionnais de la Creuse
https://www.youtube.com/embed/JtJqlUckOB8 Interview intégrale de la Professeure Marion Feldman à propos des “Réunionnais de la Creuse” • ©France 3 Limousin