Il se nomme Pitron, Guillaume Pitron, journaliste, tendance investigation. Son domaine, ce sont les conséquences de l’omniprésence contemporaine des technologies dématérialisées. Il a déjà publié plusieurs enquêtes, l’une à propos des métaux rares en 2018 et récemment sur le numérique intitulée l’enfer numérique, voyage au bout d’un like. Le jeune homme est omni présent ces dernières semaines dans les médias, ii faut bien reconnaître que son expertise est à la croisée de nos chemins. Car il pose clairement la question : une société dématérialisée grâce aux technologies du numériques serait-elle la panacée de la transition écologique et énergétique et la solution de nos problèmes climatiques ? Il y répond tout aussi clairement par la négative. Plus grave ; dit-il dans l’une des interviews récentes, au quotidien Sud-Ouest en particulier « le numérique devenu indispensable à nos vies, est aussi devenu hors de contrôle, d’autant que le capitalisme s’en est saisi pour poursuivre son expansion et qu’il dispose de moyens colossaux. »
Le drame c’est aussi l’illusion pour nous tous les accros au portable et de l’ordi c’est de croire à cette immatérialité du numérique, alors que chaque like parcourt des milliers de kms en s’appuyant dit Pitron sur la plus grande infrastructure que l’homme ait jamais construite, faîte de câbles, de data centers, de routeurs, d’antennes et de terminaux. Les objets connectés de plus en plus petits, complexes, sophistiqués ont de même un impact physique et matériel de plus en plus fort sur notre environnement. Ainsi les fameux data centers qui stockent les données seront dans quelques années le plus gros consommateur d’électricité. Dans le Grand Paris, ils absorberont 30 à 40 % de la production. Inutile de préciser que l’arrivée de la 5G ne va rien arranger. D’autant que se pose, et là on revient au premier livre de Guillaume Pitron, se pose la question des métaux rares indispensables à la fabrication des outils informatiques. Ce sont le gallium, le néodyme, l’antimoine, le tantale, le béryllium pour n’en citer que quelques-uns. Or c’est la Chine qui en possède la grande majorité, 95%, une industrie d’extraction extrêmement polluante que nous délocalisons, une manière de ne pas assumer notre part du fardeau. Sans oublier la dépendance économique et stratégique vis à vis de la Chine… Bref, à lire de toute urgence pour finir de se persuader qu’hors la sobriété il n’est point de salut…
JF Meekel