Ce squat est situé rue Camille Godard à Bordeaux. Il était sous le coup d’une évacuation depuis plusieurs mois. Il accueille des mineurs non-accompagnés.
Publié le 23/09/2021 à 08h14 • Mis à jour le 23/09/2021 à 12h14
La menace planait depuis plusieurs mois. Hier soir, l’association les Hébergeurs solidaires annonçait sur sa page Facebook que l’évacuation était imminente. C’est donc désormais chose faite. “Il y a eu une occupation illégale d’un bâtiment appartenant au Département, la puissance publique a donc exécuté une décision de justice“, explique Renaud Helfer-Aubrac, Directeur Général des Services au Conseil départemental. “Le collectif était rentré illégalement. Ils ont mis des jeunes dans un bâtiment qui n’avait pas les conditions de sécurité et sanitaires pour héberger ces personnes”.
Le risque juridique ne courait pas sur le collectif Kabako mais sur le propriétaire. Si il y avait eu un feu ou quoi on aurait été responsable”. Renaud Helfer-Aubrac
Le squat surnommé le Kabako a donc été évacué ce jeudi 23 septembre. Il accueillait jusqu’à la veille 34 jeunes immigrés. Selon les associations qui les entourent, ils avaient fait une demande de reconnaissance de leur minorité auprès du Conseil départemental mais celle-ci n’a pas été reconnue. Ils avaient donc déposé des recours devant le tribunal pour enfants.
Il est de la responsabilité du Département que de mettre à l’abri les mineurs non-accompagnés, du moins lorsqu’ils sont dans la phase d’étude de leur dossier par le Centre départemental de l’enfance et de la famille (CDEF) pour une reconnaissance de leur minorité. Ayant été déboutés, le Département n’avait donc plus cette obligation. Propriétaire des locaux, il a donc décidé de les évacuer.
« On n’a aucune réelle solution qui est proposée pour ces jeunes en recours », dénonce Claire du Collectif Kabako. « Ce qu’on leur propose c’est de l’hébergement d’urgence, trois nuits à l’hôtel et après dehors. Il faut les loger jusqu’à ce que la justice détermine leur minorité ».
“D’après ce que j’ai compris”, explique Renaud Helfer-Aubrac, “l’ensemble des personnes a été mis à l’abri par l’État, à l’exception d’une personne prise en charge par le Département pour qu’elle puisse lancer sa demande d’évaluation auprès du CDEF et sera donc mis à l’abri par le Département durant cette période“.
La mairie de Bordeaux a voté en février dernier une motion pour une meilleure prise en charge de ces jeunes migrants. Elle souhaite mettre en place un projet commun avec le Département et la préfecture pour que ceux-ci soient mis à l’abri le temps de leurs recours devant un juge pour enfants. “Cette période peut durer quelques semaines à quelques mois”, expliquait à l’époque Harmonie Lecerf, adjointe au maire en charge de l’accès aux droits et des solidarités. “Ce que nous demandons, c’est que leur prise en charge soit calculée sur celle des demandeurs d’asile”. A l’époque la préfecture ne s’était pas montrée favorable à cette proposition craignant un “appel d’air”. Ce matin Delphine Balsa, directrice de cabinet de la préfète Nouvelle-Aquitaine, était présente lors de l’évacuation. “Le département comme l’État appliquera la décision du juge“, expliquait-elle. “Et en fonction du statut de cette personne la situation administrative donnera lieu à des conséquences pour cette personne”.
Aujourd’hui la position du Département rejoint celle de la mairie : faire évoluer le cadre juridique. “Je comprends leur combat, on a le même”, poursuit Renaud Helfer-Aubrac. “Mais le législateur, lui, n’a pas pris en compte assez bien cette période du recours. Donc le Département, dans les jours qui viennent, va saisir les parlementaires pour leur demander de faire évoluer la loi pour que cette période de recours soit mieux traitée. Le problème est clairement législatif. Si on nous demande de mettre à l’abri durant cette période nous le ferons. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Le volontarisme budgétaire on l’a, mais on ne veut pas se substituer à l’État sinon il y aura des confusions”.
Cet été, plusieurs squats de la Métropole ont été évacués, dont celui nommé La Clairière à Gradignan.