Voici le poète soudanais Abdel Wahab Yousif. Il était l’une des 45 personnes qui se sont noyées dans la mer Méditerranée il y a quelques jours quand leur navire a été abattu par un groupe d’hommes et a pris feu. Les autorités de Libye, Malte et d’Italie ont été toutes appelées, mais personne n’est venu à leur secours.
Abdel était connu parmi les jeunes poètes au Soudan. Malgré sa mauvaise éducation, il a réussi à obtenir un diplôme à l’université de Khartoum mais même cela ne suffisait pas pour lui offrir une meilleure vie. Il a fui sa maison en quête désespérée de sécurité. Mais il savait les dangers qui nous attendent. À bien des égards, il a prédit sa propre mort en mer dans l’un de ses récents poèmes :
Tu mourras en mer.
Ta tête bercée par les vagues rugissantes,
ton corps balançant dans l’eau,
Comme un bateau perforé.
Dans la prime de la jeunesse tu iras,
timide de tes 30 ans.
Départ tôt n’est pas une mauvaise idée ;
mais c’est sûrement si tu meurs seul,
sans femme ne vous appelant à son étreinte :
′′ Laisse-moi te tenir à mon sein,
J ‘ ai beaucoup de place.
Laisse-moi laver la terre de la misère de ton âme.”
À la fleur de l’âge
Sans avoir encore trente ans.
Ce n’est pas mal de partir tôt,
Mauvaise, mourir seul
Sans femme,
Elle te dit : Viens à moi, mes câlins s’élargissent pour toi
Laisse-moi te laver l’âme de la misère.
Abdel Wahab