Après ses propos tenus sur le génocide des Tutsis au Rwanda dans la revue d’extrême-droite «Elément», l’ancien ministre de François Mitterrand est désormais «disqualifié ». Sa présence au conseil d’administration de la manifestation ne permet pas de poursuivre un dialogue serein avec les photographes africains.
par un groupe de personnalités
Les Rencontres internationales de la photographie d’Arles s’ouvrent cette année le 4 juillet, date à laquelle les Rwandais commémorent depuis vingt-sept ans la fin du génocide au cours duquel un million de Tutsis furent exterminés en cent jours, entre avril et juillet 1994. Le rapport Duclert sur cette tragédie est venu confirmer le travail de nombreux journalistes et historiens. Oui, la France a eu des responsabilités «lourdes et accablantes» dans ce crime commis en Afrique, ce que le président de la République, Emmanuel Macron, a reconnu récemment à Kigali : «La France a un rôle, une histoire et une responsabilité politique au Rwanda», elle est restée «de fait aux côtés d’un régime génocidaire». Après avoir longtemps nié les responsabilités de l’Élysée, dont il était le secrétaire général, M. Hubert Védrine – aujourd’hui président du conseil d’administration des Rencontres internationales de la photographie d’Arles – dénonce désormais dans la presse d’extrême droite (1) les intellectuels et les médias qui ont fait leur travail sur le Rwanda : «Ah si les journaux étaient tenus comme autrefois, ça ne durerait pas une minute.» Ses propos, comme d’autres tenus auparavant, sont inadmissibles. Les Rencontres internationales de la photographie d’Arles invitent cet été, dans un effort louable, plusieurs photographes africains après une absence remarquée lors de leur cinquantième anniversaire (2). Au nom de la mémoire des victimes du génocide des Tutsis du Rwanda, et afin que la réputation de cet événement ne soit pas entachée par la présence d’un président désormais disqualifié, afin également de permettre aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles de poursuivre un dialogue serein avec le continent africain, nous demandons à M. Hubert Védrine de bien vouloir se mettre en retrait de la présidence des Rencontres Internationales d’Arles.
1) Eléments, n°190, juin-juillet 2021
2) Le Monde, 10 mai 2019
Signataires: Benjamin Abtan (fondateur du mouvement antiraciste européen) – Guillaume Ancel (Ancien lieutenant-colonel, vétéran de l’opération Turquoise) – Fabrice Arfi (journaliste, Mediapart) – Stéphane Audouin-Rouzeau (Historien, directeur d’études à l’EHESS) – Laurent Beccaria (Editions Les Arènes) – Pierre-Yves Bocquet (Ancien conseiller discours et mémoire à la présidence de la République) – William Bourdon (Avocat, président-fondateur de l’association Sherpa) – Damien Carême (Député européen) –– Stéphanie Chevrier (Editions de la Découverte) – Bruce Clarke (Artiste plasticien) – Alexis Cordesse (Photographe) – Marie Desplechin (Journaliste, écrivaine, prix Médicis essai) – Hélène Dumas (Historienne, CNRS/EHESS) –– Jean-Francois Dupaquier (Journaliste, écrivain) – Gaël Faye (Auteur, compositeur, interprète, prix Goncourt des lycéens) –- Hippolyte (Auteur, illustrateur, photographe) – Alain Keler (Photographe, prix Eugene Smith) – Olivier Legrain (Initiateur du projet La Maison des médias Libres) – Pierre Lepidi (Journaliste) – Frédéric Martel (Journaliste, écrivain) – Jean-Pierre Mignard (Avocat) – Vincent Monadé (Ancien président du Centre national du livre, CNL) – Scholastique Mukasonga (Ecrivaine, prix Renaudot, membre du jury du prix Femina) – Jessica Mwiza (Vice-présidente de l’association des rescapés Ibuka France) – Atiq Rahimi (Ecrivain, réalisateur, prix Goncourt) – Olivier Rubinstein (Agent littéraire) – Patrick de Saint Exupéry (Journaliste, écrivain, prix Albert Londres) – Olivier Sultan (Galerie Art-Z) – Louis-Georges Tin (président d’honneur du CRAN) – Ruth Zylberman (Réalisatrice