Un homme moderne ! Le journal Le Monde de ce jour, titre « Napoléon était-il de droite ou de gauche ? » La question fait polémique chez les historiens. Ah !

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·   Il suffit pourtant de lire les mémoires de quelques-uns de ses généraux ou de ceux qui ont administré la France pour comprendre que dès le départ, le premier souci du jeune homme, c’est de s’en mettre plein les poches et de favoriser sa famille.
 
Famille qui va s’élargir au fur et à mesure de son ascension politique et qui se fiche pas mal de la France et surtout des français dont il suce le sang. Ce qui semble aujourd’hui, être à la fois de gauche et de droite au regard des personnages de la comédie politique qui feuilletonnent sur les « étranges lucarnes ».
    
Sa chance, arrivé au pouvoir, il est à la tête du pays européen le plus peuplé. Il a là une réserve en hommes jeunes qui va lui permettre de mettre en place une armée puissante qu’il financera par le pillage systématique des pays envahis, par le meurtre, par des Oradour à répétition, et par l’enrôlement de jeunes hommes des pays occupés et « libérés », soit, passant de la tyrannie d’hier à la tyrannie impériale. Merci à Goya d’avoir illustré l’Empire en Espagne.

Francisco Goya’s (1746-1828) Disasters of War

Sa vie est une course folle, avec une obsession, s’enrichir, mettre de l’argent de côté, placer ses frères et sœurs, en bon « républicain », leur faire épouser des aristocrates grand teint, comme lui-même montrera l’exemple en épousant Marie-Louise. 
    
    En réalité, il est le garant de la finance des « braves gens » et efface les acquis de la Révolution populaire. 
    Il conserve la loi Le Chapelier art 414 : Toute coalition d’ouvriers dans le dessein d’enchérir leur travail ( augmentation de salaire) sera passible d’un mois de prison au minimum et d’un emprisonnement de deux à cinq ans pour les instigateurs »
    Il va falloir attendre le neveu, Napoléon III, pour que les ouvriers aient enfin le droit de se réunir.
    Exit les sans-culottes, les idées d’égalité, de représentativité populaire. Le peuple ? Une horreur ! Il faut le tenir à bride courte, le cajoler, le rouler dans la farine, le faire obéir en lui parlant de Gloire, de Conquête, de Fortune sonnante et trébuchante, mais aussi de bonnes fortunes que subiront de gré ou de force les femmes, depuis les rives lusitaniennes de l’Atlantique jusqu’à celles de la Moskova. 
    Rien de tel que de transformer chômeurs et paysans en militaires, les enfants de la bourgeoisie ayant les moyens d’acheter  un remplaçant lors du tirage au sort qui fait la classe. 
    
    Grand homme aux mains ensanglantées. Ce que l’on admire sur l’Arc de Triomphe, c’est 1 million de morts sur tous les champs de bataille. 
    C’est le retour à l’esclavage, c’est la mort lente du premier libérateur de Saint Domingue, Toussaint l’Ouverture, emprisonné dans le Jura dans une geôle dépourvue de chauffage, où il ne fera pas de vieux os, cet afro-caribéen qui osa libérer ses congénères comme l’avait institué la République.
    
    « La guerre est la source de la richesse nationale » Tel est l’état d’esprit du grand homme qui se plaint auprès de son trésorier Mollien en 1809 après Wagram : « Cette campagne ne m’a pas rendu autant que la précédente; par les articles secrets du traité, je recevrai quelques 100 millions ». Il se targuera d’avoir fait entrer depuis 1806 plus d’un milliard en pressurant l’Autriche, la Prusse, les Bataves et les états du Pape.
    
    Attention ! C’est un généreux. Il achète ceux dont il a besoin. Berthier recevra 1 300 000 francs par an, Davout 900 000, Ney 700 000, Soult 500 000 etc Il offre 1 million à Borghèse, le mari de Pauline, histoire de fêter sa victoire à Friedland.

    Bon ! On a compris. Nabou n’est qu’un parrain entouré de sbires chamarrés que l’accumulation de guerres et surtout le blocus continental condamneront à la fin avec soulagement national, y compris de la part de ceux qui en ont le plus profité.
     La grande bourgeoisie comme la moyenne possède un ingratitude désolante mais tellement humaine !

    Pourtant, s’il est encore et toujours admiré, c’est parce qu’il « a renversé le gouvernement populaire… Il a assis la bourgeoisie au pouvoir » dixit Mollien. Et l’un de ses admirateurs, et laudateurs, l’historien Bainville, reconnaît « qu’il a fait cesser la lutte des classes ».
    
    Ce qui explique le retour de ses cendres, ou plutôt de sa charogne, sous Louis-Philippe, le « roi-bourgeois ». 

Nabot Léon Un grand moment de solitude Alain Godefroid (série Vanitas Vanitatum)

    Allez ! Bon anniversaire aux bonapartistes qui ne retiennent que son organisation de l’État, au profit des plus riches, son Code Civil, qui met une moitié de l’humanité, les femmes, au même niveau que les enfants mineurs et les aliénés mentaux. La mise en place de nos grandes écoles et de ces lycées, dont les heures de cours s’ouvraient et se terminaient au son du tambour. Mais avouons que le système scolaire français, surtout avec le dernier ministre, donc réformateur, est en perte de vitesse par rapport à ce qu’il s passe ailleurs. L’école napoléonienne a vécu.
    
    Tacticien de génie, il l’est pour les ganaches de l’École de Guerre, qui admirent en se les rejouant ses parties de campagne où il joue avec « cette chair à canon qui adorent le canonnier ». Ah ! Cette belle campagne de France, à la fin, où les hommes s’épuisent à courir d’un bout de la France de l’Est à l’autre, en jouant avec la Marne, l’Aube et la Seine… 

    Canonnier ? Tout avait commencé sur le parvis de l’Église Saint Roch où le Directoire avait trouvé son homme de main pour mitrailler le peuple sans aucun remord, un certain Napoleone Buonaparte. 
    Ah ! Le brave jeune homme ! 
    Un préfet Lallement ou même un Macron doivent en avoir la larme à l’œil. Sauvés momentanément des GJ par un virus, il va falloir préparer les jours à venir. D’autant qu’en dépit des sondages, l’Histoire est souvent facétieuse.
    
    Et dire que nous étions déjà dans la « patrie des droits de l’homme ». 
    Déjà ! Hum !

    ( Je viens de re-parcourir avec toujours plein de bonheur « Napoléon tel quel » d’Henri Guillemin Editions de Trévise, à chiner chez les bouquinistes. A moins qu’une ré-édition soit faite ou en cours… J’en doute ! )

24/04/2021

Les illustration sont de la rédaction d’Ancrage

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