Mémoria: récits d’une autre Histoire, l’exposition du Frac Nouvelle -Aquitaine Meca “incarne l’idée d’une mémoire collective composée d’une myriade de récits , d’histoires, de questionnements, et d’expériences éparpillées dans nos mémoires individuelles, personnelles, intimes.” Les commissaires de l’exposition, Nadine Hounkpatin et Céline Seror ont fait appel à quatorze artistes contemporaines, toutes des femmes, venant du Maghreb, d’Afrique subsahariennes ou vivant en France, à Bordeaux , en Allemagne ,en Belgique ou aux Etats-Unis ou encore entre Sénégal et France, entre Kenya et Etats-Unis…
Peintures, photos, installations, sculptures, une grande variété de gestes artistiques sont mises en œuvre et “ composent un parcours faisant écho d’une part à la lecture démystifiée de pans d’Histoire et de croyance communément divulguées au sujet du continent africain, et d’autres parts à la manière dont certains imaginaires sont encore à l’œuvre, notamment dans les domaines économiques et de redistribution des ressources”
Voici une sélection totalement subjective d ‘images relevées lors d’une visite guidée cette semaine, et d’abord celle qui accueille le visiteur et qui sert d’accroche à cet article. Cette Sophie, personnage moulé à l’exacte image de sa créatrice,Mary Sibande, d’Afrique du Sud intitulé Wish you where here.
La robe victorienne, le tablier blanc de ces bonnes noires que les blancs nommaient toutes Sophie, le tricotage où est cantonné la femme, sauf qu’ici on ne sait si elle tricote ou détricote et que le S du tableau renvoie sans doute à celui de super woman mettant l’apartheid en boule!!
Les Princesses de Dalila Dalléas Bouzar
Pendant la guerre d’Algérie, l’armée française contraint tous les Algériens à posséder une carte d’identité, un moyen de contrôle qui passe par le recensement. Les femmes algériennes furent contraintes d’ôter leur foulard pour passer devant l’objectif du photographe. C’est à partir des photos de Marc Garanger qu’a travaillé la peintre algérienne Dalila Dalléas Bouzar. “J’ai reçu leur regard à bout portant, , premier témoin d’une protestation muette, violente” écrira le photographe. La peintre qui vit et travaille à Bordeaux transforme ses victimes en résistantes. Une très belle série de regards.
La louve de Myriam Mihindou
Une tête d’animal suspendue à des fils, et pas n’importe lequel: une louve. Masse cotonneuse inspirée de la mère de l’artiste, Myriam Mihindou née au Gabon mais qui est installée en France. Sa génitrice,Remus et Romulus, a géré un centre hospitalier en Afrique Équatoriale œuvrant pour l’abolition de l’indigénat. La louve porte sur sa face des croix rouges et des bouts de papiers découpés portant des mots issus d’un dictionnaire.
Visite par groupe à reservation@frac-meca.fr