LES ENFANTS DE QUAN AM
Premier volet consacré à l’immigration indochinois avec avec le témoignage d’un observateur avis de nos frères de l’autre bout du monde, arrivés en France à partir de 1954.Tous témoins et victimes de l’effondrement de l’empire colonial français dans cette partie de la planète devenue depuis le Viêt-Nam.
Mathieu Samel, est auteur réalisateur de cinéma documentaire. Natif du Lot et Garonne, fils d’exilé, il a déjà réalisé en 1992 un volet consacré à la première génération des Rapatriés d’Indochine.
Ce documentaire de 52 minutes, intitulé « Les fruits amers » a été diffusé par Aqui TV et la Radio Télévision
Suisse Romande.
Avec « Les enfants de Quan Am » dont le tournage s’achevait fin 2003, Mathieu Samel poursuit son investigation sur les racines en mettant aussi sous les projecteurs la deuxième génération. Un film « qui suggère plus qu’il ne dit. Qui donne des éléments de compréhension, plus qu’il explique comment il faut comprendre » résume le réalisateur.
EDOUARDO FRIAS : VOILA EDOUARD
C’était un gosse de l’ Hospitalet à Barcelone qui vivait paisible parmi ses parents, ses copains et les animaux dont il appréciait la compagnie. La guerre civile de 1936 lui a pris son père. Puis au bout de l’exil vers la France, Eduardo Frias a été séparé de ses proches. Sa mère, ses frères, ses cousins. Bref, tous ceux des siens qui n’étaient pas en mesure de rester au front pour défendre la capitale catalane et la République.
Eduardo Frias a été détenu au camp de Saint Cyprien d’où il s’est évadé, à la nage, en contournant les barbelés qui s’avançaient dans la mer. Puis il a été déporté au camp de concentration de Mauthausen en Autriche, après avoir été arrêté par les Allemands dans le centre de la France où il travaillait dans une compagnie de travailleurs étrangers.
Pendant cinq ans, le jeune espagnol a participé à la construction du camp de concentration. Puis à l’extraction de pierres dans les mines de granit.
Un demi-siècle après la libération des camps, sans haine, mais la mémoire intacte, il a refusé la pension que le gouvernement allemand lui proposait.
“Je n’ai pas voulu de cet argent. Nous n’étions pas des travailleurs, mais des esclaves” affirme-t-il aujourd’hui, en pensant à ses amis qui n’ont pas survécu aux épreuves de la captivité.
MARIO MANFÉ L’AMBASSADEUR DES PIONNIERS
Il aurait pu s’arrèter à Moissac en Tarn et Garonne. Puis à Agen. Et ce fut Marmande. Mario Manfé a été l’un des premiers, sinon le premier immigré italien à poser ses valises, en 1923, dans la capitale de la tomate.
Il n’a que 26 ans à cette époque-là. Mais ce jeune maçon envoûté par les sirènes de la Toscane française est déjà doté d’une riche expérience. Depuis son adolescence, les circonstances l’ont conduit en Suisse, en Lorraine, et dans le Nord. De contrats de travail en chantiers de construction.
Le marmandais doit à ce futur chef d’entreprise, la venue d’une population importante originaire du Frioul. Véritable ambassadeur du département auprès de ses compatriotes, Mario Manfé, natif de Stevena di Caneva, fait d’abord venir les membres de sa famille puis des dizaines d’agriculeurs et d’artisans. Cette génération de pionniers dont les noms fleurissent encore de nos jours sur les registres des hommes de l’art.
Le nom de Mario Manfé est attaché à un nombre conséquent de belles maisons individuelles ou de bâtiments destinés à l’accueil du public à l’image, par exemple, de la clinique Baillis à Marmande.