Pierre Hurmic, le maire actuel de Bordeaux est accusé de crime de lèse-majesté : en rendant hommage à la mort de Jacques Chaban-Delmas, il y a 20 ans, il a publié ce tweet « Hommage à Jacques Chaban-Delmas mort ce jour il y a 20 ans. Il a marqué l’histoire : celle de la Résistance, celle de la France, celle de Bordeaux où il a régné 48 ans. Aujourd’hui, les citoyens veulent des maires à plein temps, qui ne cumulent plus ni dans le temps, ni dans l’instant. »
La droite locale, battue et revancharde, à l’affut, a crié, sans surprise, au scandale. Comme elle l’avait fait lors de la suppression du désormais fameux « arbre mort », ce sapin de Noël que le nouvel édile écolo veut supprimer.
Aurore Bergé, députée macroniste, estime même qu’Hurmic “ne rend pas hommage à son prédécesseur en crachant sur sa tombe.” Il n’en fallait pas moins pour que le cirque médiatique démarre et que Pierre Hurmic préfère retirer son Tweet.
« Je ne comprends pas cette haine. Lors de la polémique sur le sapin de Noël, j’ai reçu des menaces de mort. Si j’ai enlevé le tweet sur Chaban c’est que je reconnais que c’est une erreur. Mais si la polémique continue, c’est que certains ne cherchent que cela. Ils sont aux aguets », a-t-il déclaré au quotidien Sud Ouest.
Quels cris aurions-nous entendu si l’édile de Bordeaux avait souhaité rappeler une autre partie de la carrière du résistant français? Celle que nous rappelons dans le Guide du Bordeaux colonial. JFM
Une autre histoire de Jacques Chaban-Delmas
Jacques Chaban-Delmas c’est la résistance dans la seconde guerre mondiale, le maire bâtisseur de Bordeaux, la nouvelle société, le cumul des mandats, mais aussi… Retrouvez la fiche que lui consacre notre Guide du Bordeaux Colonial.
“Nous ne retraçons pas ici la carrière du général Chaban (1915-2000), à Paris comme à Bordeaux. C’est bien évidemment sa longévité comme maire de Bordeaux pour laquelle il est ici reconnu et honoré.
Ministre de la défense nationale et des forces armées du gouvernement Félix Gaillard (6 novembre 1957-14 mai 1958), il donne le feu vert, le 8 février 1958 au bombardement de Sakiet Sidi Youssef, village tunisien, opération de représailles causant la mort de plus de 70 personnes, dont une douzaine d’élèves d’une école primaire, et 148 blessés parmi la population civile. Cette opération provoque la rupture des relations diplomatiques avec la Tunisie qui porte plainte devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
“Pacification”, contre-guérilla et torture en Algérie
Jacques Chaban Delmas est à l’origine de la création des Centres d’instruction à la pacification et à la contre-guérilla (CIPCG), deux écoles de « guerre psychologique » créées en Algérie par les officiers d’état-major Raoul Salan et Charles Lacheroy durant la guerre d’Algérie et dont on sait qu’ils seront des centres de torture.
Le premier des deux centres a été créé à Philippeville (Skikda) dans le district du Constantinois. Situé dans le hameau de Jeanne-d ’Arc, à l’est de Philippeville, le centre a été inauguré officiellement le 10 mai 1958, en présence de Chaban-Delmas, du général Raoul Salan et de Jean Lartèguy, l’auteur des Centurions (pour la dimension culturelle). Les clés sont données au colonel Bigeard. Quatre jours plus tard, le gouvernement Gaillard est renversé, la voie est ouverte pour le retour du général de Gaulle.”
Le Guide du Bordeaux Colonial aux éditions Syllepse