“L’Amazonie est un réservoir à virus”, et la déforestation pourrait exposer l’homme à de nouveaux virus assure David Lapola chercheur spécialiste de l’environnement dans une interview à l’express

L’intervention humaine dans des zones à la faune et flore indigènes peut provoquer des déséquilibres écologiques et propager des maladies depuis le coeur de la jungle. Avec la déforestation de l’Amazonie, la prochaine grande pandémie pourrait être brésilienne, prévient  David Lapola.

La plus grande jungle tropicale du monde a encore de vastes zones préservées, “mais il y a toujours plus de déforestation, de destruction (…). Quand on provoque ce déséquilibre écologique (…) il peut y avoir une transmission du virus [des animaux aux hommes]”, explique-t-il

Selon David Lapola  le contexte actuel au Brésil, où le Covid-19 a déjà fait plus de 26 000 morts fin mai, rend encore plus difficile la surveillance de la jungle tropicale, qui est menacée. “Nous devons répondre à cette crise sanitaire et tous nos efforts doivent tendre vers ce but (…) Mais c’est inquiétant car nous avons une hausse très importante [de la déforestation], alors que ce n’est même pas la saison”, assure-t-il. Durant les quatre premiers mois de 2020, 1202 kilomètres carrés de jungle ont disparu, selon les données satellitaires de l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE).

Cela représente une augmentation de 55% par rapport à la même période de l’année dernière, Selon un autre article publié par sciences et vie, en 2019, première année de Jair Bolsonaro dans ses fonctions, la déforestation a grimpé de 85% en Amazonie brésilienne, avec la destruction de 10.123 kilomètres carrés de verdure, soit  à peu près  la taille du Liban.

Le président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro,  climatosceptique et covidosceptique   préconise l’ouverture des terres protégées à l’exploitation minière et à l’agriculture.

                 Les nukak maku retournent à la jungle

Le chercheur estime aussi qu’il est également nécessaire de “refonder le rapport de la société avec les jungles”. Pour David Lapola, la propagation de nouvelles maladies depuis le fin fond de la jungle “est un processus trop complexe pour être prévu, il vaut mieux appliquer le principe de précaution et ne pas jouer avec le feu” en provoquant des désastres écologiques

Restons en Amazonie avec ce paradoxe relevé par  le philosophe colombien Luis Fernando Marín Ardila sur France culture : les nukak maku, une ethnie d’Amazonie colombienne d’un millier de personnes  a décidé de  retourner se confiner dans la jungle pour se protéger du virus. Le philosophe analyse cela comme une métaphore du déséquilibre du vivant. Quelques semaines plus tard rappelle -t-il, les animaux investissaient les zones urbaines quand les nukak maku retournaient à la jungle  ces deux événements disent de façon retentissante le déséquilibre endémique à l’œuvre dans le monde entier. Ce déséquilibre n’a d’autres origines que l’absurdité des processus de colonisation engendrés par les intérêts économiques prédateurs ainsi que la violence multiforme que nous autres, les êtres humains, pratiquons et accumulons depuis des centaines d’années sur les ressources naturelles. A bon entendeur…salut

                               Jean-François Meekel

PS: ce premier papier , de 3, est issu de la revue de presse mensuelle à laquelle Ancrage participe sur la radio girondine RIG (90.7)

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