Alpha Kaba, jeune journaliste guinéen travaillait dans une radio dans sa ville natale Kankan, deuxième ville du pays, environ 500 000 habitants.Il animait une émission de débats dans laquelle étaient abordés des questions dérangeantes pour le pouvoir en place.
En 2013, menacé de mort, la radio détruite, il est contraint à la fuite et à l’exil. L’Algérie d’abord où il subit le racisme ordinaire des arabes envers les noirs puis en Libye où il est maintenu plus de deux ans en esclavage. A propos de l’esclavage des noirs, il écrit ceci dans le récit de son calvaire qu’il vient de publier: « De France, cette idée même semble anachronique. La traite des noirs n’est qu’une réalité distante, une horreur renvoyée au passé sur lequel l’état et les citoyens jettent un voile pudique.(…) Les faits sont pourtant là. Au moins 700.000 migrants vivent aujourd’hui en Libye, conséquence de la politique migratoire européenne et des politiques colonialistes et néocolonialistes qu’ils mènent en Afrique. Beaucoup fuient la guerre ou la pauvreté. D’autres espéraient simplement trouver du travail dans un pays plus prospère. (…) Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes sont aujourd’hui esclaves.
L’esclavage est devenu chose commune en Libye, où il existe toute une économie construite sur la vente et l’asservissement des hommes et des femmes noirs» Plus loin, Alpha Kaba dit encore ceci: « Ni la France ni aucun pays européen ne semble aujourd’hui prêt à agir pour mettre finaux atrocités qui se déroulent à leurs portes. Après avoir longuement régné en maître sur l’Afrique, ils détournent le regard.» Aujourd’hui, Alpha Kaba vit à Bordeaux, il a parachevé sa formation de journaliste à l’Ijba , l’institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine qui l’a pris sous sa protection et aidé à publier son ouvrage, c’est d’ailleurs Arnaud Schwarz le directeur de l’institut qui animait la rencontre avec Alpha à la Machine à Lire la semaine dernière.Alpha Kaba a finalement eu de la chance, son statut de journalisme a provoqué une solidarité corporatiste en quelques sortes, aujourd’hui il a un statut de réfugié politique et travaille comme manutentionnaire en attendant de trouver un job de journaliste