La plupart des épidémies touchant l’homme ont une incidence pulmonaire. A part le choléra et le typhus, c’est le cas pour la peste, la grippe espagnole, la grippe H1N1, la tuberculose, le Sras et aujourd’hui le Covid-19.

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Jean Antoine Villemin naquit le 2 janvier 1827 à Prey petit village de la montagne vosgienne . Orphelin à 9 ans d’un père modeste cultivateur, il est pris en charge par son oncle soldat retraité qui a connu l’Empire et Waterloo.

Il fréquente un collège libre . C’est là que deux personnages vont influencer son destin. Le directeur de l’établissement qui, voyant ses dispositions scolaires, le prépare au baccalauréat et un un naturaliste qui utilise ses autres dons pour le dessin et lui confie la réalisation de planches pour son herbier.

Villemin devient militaire du fait de la souscription et décide très vite d’y faire carrière. Il entre à l’hôpital militaire d’instruction comme chirurgien élève.En 1853 il présente sa thèse sur les affections rénales.

Il est alors admis à l’école impériale de médecine du Val de Grâce et en sort major de promotion.

En 1860, il est nommé médecin militaire des hôpitaux .Il en deviendra professeur agrégé de clinique puis chargé de la chaîne d’hygiène et de médecine légale , élu à l’Académie de médecine.

Son mariage avec une cassipontine, aux portes d’Agen, en fait un lot-et-garonnais d’adoption. Il viendra y passer toutes ses vacances et s’y retirera avant d’y décéder à l’âge de 65 ans .Il sera inhumé à Pont du Casse qui a d’ailleurs donné son nom à son groupe scolaire.

Villemin passa une grande partie de sa carrière à étudier la tuberculose . Ses observations sur des lapins cobayes le conduisent à écrire dans un rapport scientifique : « Nous avons été conduits à penser que la tuberculose engendrait le tubercule dans son voisinage , non seulement dans le même tissu et par continuité , mais aussi d’un tissu à l’autre par contiguïté . Elle est donc transmissible ».

Il vient de découvrir que la tuberculose appartient à la classe des maladies contagieuses.

Une découverte providentielle pour la médecine.

La tuberculose frappait déjà au néolithique

La tuberculose remonte au néolithique, il y a 40 000 ans. Elle apparut lors des migration humaines hors d’Afrique selon des chercheurs du CNRS qui ont étudié des squelettes de l’homme préhistorique et relevé leurs lésions osseuses tuberculeuses.

Il y a 4500 ans , elle frappa aussi l’Égypte comme l’a démontré l’étude ADN de momies de pharaons qui en étaient porteurs. Il y a 3000 ans à Babylone ses symptômes sont décrits . L’antiquité gréco-latine , comme l’école arabo-musulmane poursuivront les investigations sur la maladie. Hippocrate fait notamment état de l’infection broncho-pulmonaire responsable d’amaigrissement, de toux et de sang dans les crachats.

Les écoles européennes du XVIIe siècle étudient, elles, les nodules pulmonaires et les tumeurs .

Des foyers en Aquitaine en 2016

Au 19e siècle René Laennec met au point le stéthoscope qui va faciliter le diagnostic de la maladie et Robert Kock découvre le bacille de la tuberculose qui, à l’époque, est responsable d’un décès sur sept en Europe. Dans la foulée des sanatoriums sont créés par un médecin guéri de la tuberculose après un séjour dans l’Himalaya .

Il faudra attendre le 20e siècle pour voir apparaître les antibiotiques et le vaccin mis au point par deux vétérinaires, le BCG de Calmette et Guérin, pour constater que la maladie décroît en France . Mais elle touche encore en 2009 1,7 million de malades dans le monde.

En fait elle n’est pas éradiquée et elle est toujours classée parmi les maladies les plus meurtrières au monde. Dans l’Hexagone, on compte encore 5000 cas par an avec une prédominance en Île de France et de 2016 à 2018 plusieurs foyers apparus dans des établissements scolaires de Nouvelle Aquitaine , une région pourtant non réputée, jusque-là, à risque.

SDF et Migrants aujourd’hui

La tuberculose se transmet par l’air expiré et la salive et au contact d’une personne contaminée. Elle est en outre devenue plus résistante aux antibiotiques classiques. Elle touche notamment des porteurs du VIH dont les défenses immunitaires sont affaiblies comme par le passé les mineurs de fond qui contractaient la silicose.Les chercheurs ont constaté aussi que la promiscuité comme la précarité étaient des facteurs de risque. Ainsi les SDF sont majoritairement affectés, comme les migrants arrivés en Europe, pourtant sains, en raison de leurs conditions de vie dans des camps de fortune.

La tuberculose a sauvé des résistants néracais

Pour achever sur une note plus optimiste, pendant la Seconde guerre mondiale, la tuberculose sauva des résistants d’Albret. Si en effet, à Agen, le docteur Esquirol avait trouvé le subterfuge de plâtres pour cacher aux allemands les blessures par balles des résistants , à l’hôpital de Nérac. Il était tenu par des religieuses, aidées par des femmes bénévoles de la Croix rouge, qui voyant avec stupeur des maquisards blessés achevés sur leurs brancards, les cachèrent désormais dans des chambres confinées sur lesquelles elles avaient placardé l’avis : « Arthrite tuberculeuse ». Les Allemands étant microphobes, ces pieux mensonges des sœurs se révélèrent miraculeusement salvateurs.

J-L G.

Prochain Article : 5) La Lèpre : En Aquitaine l’apartheid des cagots pourtant… non malades.

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